Saint-Martin, son histoire ...
Martin est originaire de la ville de Sabaria (actuelle Szombathely en Hongrie). Il est né en 316 et fut élevé à Ticinum (actuelle Pavie) en Italie ou son père, un païen, vétéran de l'armée de l'empire romain était tribun militaire. Cela faisait de lui un officier supérieur chargé de l'administration de l'armée. Le choix du prénom Martin pour son fils ne devait donc pas être anodin... Martin signifiant « voué à Mars », Le dieu de la guerre dans le panthéon romain.
Comme souvent dans ce genre de famille, le fils embrassait la carrière de son père. Martin suivi donc sous l'impulsion forcée de ce dernier la voie militaire. Engagé à 15 ans, deux ans plus tôt que l'enrôlement habituel, Martin est incorporé dans la cavalerie de la garde impériale (l'alae scolares) avec le grade de circitor* et une double solde.
Néanmoins, cela fait plusieurs années qu'il aspirait à se mettre au service de Dieu. A 10 ans, il désirait se déjà convertir au christianisme au grand désespoir de son père. C'est donc avec difficulté qu'il assure son engagement militaire.
A son service, il ne prend qu'un esclave qu'il traite, d'après ses hagiographes, comme un frère. D'ailleurs, toujours d'après ces derniers, il reste, durant tout son service, pur de tout vices qui sont le lots des hommes de guerre.
Saint-Martin renonçant à la vie militaire, fresque de Simone Martini, XIVème siècle
De part sa connaissance des dialectes Celtes, il est affecté à la garnison basée en Gaule. C'est donc à Amiens, qu'un soir de l'hiver 338, il partage son manteau avec un pauvre. En voici le récit « exacte » qui nous est rapporté par le plus célèbre de ses hagiographes, Sulpice Sévère (vers 360-420) dans son « De vita Beati Martini liber unus » :
« Un jour où il n'avait sur lui que ses armes et son manteau militaire fait d'une seule pièce, au milieu d'un hiver plus rigoureux qu'à l'ordinaire et si rude que bien des gens mouraient de froid, à la porte de la cité des Ambiens (Amiens), Martin rencontra un pauvre nu. Le malheureux avait beau prier les passants d'avoir pitié de lui, tous passaient outre. L'homme de Dieu, voyant que les autres n'étaient pas touchés de compassion, comprit que celui-là lui avait été réservé. Mais que faire ? Il n'avait rien que la chlamyde dont il était revêtu; il avait déjà sacrifié le reste pour une bonne œuvre analogue. Alors, il saisit son épée, coupe le manteau par le milieu, en donne une partie au pauvre, se drape de nouveau dans le reste. Parmi ceux qui l'entouraient, quelques-uns se mettent à rire, le trouvant laid avec son habit tronqué. Mais beaucoup d'autres, plus sensés, gémissent profondément de n'avoir rien fait de semblable, alors qu'ils avaient plus de vêtements et qu'ils auraient pu vêtir le pauvre sans se mettre à nu.
La nuit suivante, comme il dormait, Martin vit le Christ, vêtu de la partie de sa chlamyde dont il avait couvert le pauvre. On l'invite à regarder attentivement le Seigneur, et à reconnaître le vêtement qu'il a donné. Puis, à la multitude des anges qui l'entourent, il entend Jésus dire d'une voix éclatante : « Martin, encore catéchumène, m'a couvert de ce vêtement », Vraiment, le Seigneur se souvenait ici de ses propres paroles. Il avait dit auparavant : « Tout ce que vous avez fait pour l'un des moindres de vos frères, vous l'avez fait pour Moi » (Mt 25,40). Maintenant, Il proclamait qu'en la personne d'un pauvre il avait été vêtu; et, pour confirmer le témoignage accordé à une si bonne œuvre, Il daignait se montrer dans l'habit même qu'avait reçu le pauvre.
Saint-Martin partageant son manteau, fresque de Simone Martini, XIVème siècle
Cette vision n'enorgueillit pas le bienheureux. Il ne céda pas aux entraînements de la gloire humaine; mais il reconnut la Bonté de Dieu dans son œuvre. Comme il avait dix-huit ans, il vola au baptême. Cependant, il ne renonça pas aussitôt au service militaire. Il se laissa vaincre par les prières de son tribun, qui était son compagnon de tente et son ami. Celui-ci, une fois écoulé le temps de son tribunat, promettait de renoncer au monde. Martin fut tenu en suspens par cette attente. Pendant deux années environ après qu'il eut reçu le baptême, il resta soldat, mais seulement de nom. » (trouvé sur le site « encyclopédie-universelle.com »)
C'est l'époque des grandes invasions barbares. Le César Julien rassemble son armée aux alentours de la cité des Vangions (actuelle Worms) et distribue aux soldats des gratifications. Chaque soldat était appelé un par un devant le César. Martin profite de cela pour lui demander de pouvoir quitter le service de l'empire. Ce dernier lui rit au nez et le traite de couard.
Martin propose alors de se présenter sans armes, ni armure lors de la prochaine bataille devant les ennemis afin de prouver qu'il ne l'est pas et qu'il croit à la protection divine que lui octroi sa foi. Le lendemain, contre toute attente, les ennemis se rendent « sans effusion de sang ni la mort de personne ».
Libéré de ses obligations militaire, Martin part pour Poitiers afin de rencontrer Saint Hilaire dont il a entendu parler. Une fois là-bas, il refuse humblement tout office. Mais, il se voit néanmoins ordonner exorciste par Saint Hilaire qui désire vraiment le garder prêt de lui. Malgré cela, Martin repart rapidement dans sa patrie et sa famille avec pour objectif de convertir ces derniers. Sur le chemin, en traversant les Alpes, il se fait attaquer par des brigands mais, par la force de sa foi, il convertit l'un d'eux qui le libéra.
Martin voyage beaucoup, proclamant la foi chrétienne, accomplissant des miracles, comme des résurrections et des guérisons, se faisant ainsi reconnaître par le peuple comme un saint homme.
Il est proclamé, sans son consentement, évêque de Tours le 4 juillet 371 par les habitants de la ville.
Il fonde l'ermitage de Marmoutier, s'y installe et s'impose une vie stricte. Il refuse toute violence en parcourant les campagnes afin de combattre les hérésies telle que l'arianisme et le paganisme.
Il détruit des temples païens, convertit des villages entier et combat régulièrement le diable et ses démons.
Malgré son titre d'évêque, Martin restera toujours humble, menant une vie simple et dévouée à Dieu.
Il meurt à Candes sur Loire le 8 novembre 397 et est enterré le 11 à Tours.
Reliquaire (fin XIVème) de Saint-Martin, contenant sa tête, conservé au musée du Louvre
*le circitor est celui qui mène la ronde de nuit et inspecte les postes de gardes de la garnison.
Les citations en italiques sont tirées du « De vita Beati Martini liber unus » de Sulpice Sévère.